Samir Laghouati-Rashwan
Vendredi 27 janvier
19:00
Friche la Belle de Mai
PerformanceVendredi 27 janvier
19:00
Friche la Belle de Mai
PerformancePlongés dans l’obscurité d’une salle éclairée de néons posés au sol, au rythme d’une nappe sonore, l’artiste Samir Laghouati-Raswhan et le danseur Trésor observent et soutiennent les regards, debouts, presque immobiles. « Je rentre skin, je mets mon masque player, je joue le jeu ».
Mais de quel « jeu » s’agit-il exactement ? La performance semble d’abord répondre aux attentes projetées sur les masculinités des personnes perçues comme arabes : « Attitude virile, TN aux pieds et balafre sous l’oeil », une voix énumère le parfait attirail de la typification du « rebeu », nourrie de virilisme et de préjugés réducteurs. Lucide, l’artiste énumère les stéréotypes entretenus par une vision fantasmée des corps non-blancs. Les phrases lues ou entendues – par Samir Laghouati-Rashwan lui-même ? –, s’accumulent dans une répétition cadencée par un même refrain et guident les mouvements du danseur mimant la chute et son évitement.
« Je rentre skin, je mets mon masque player, je joue le jeu ». Comme un gimmick, la phrase se répète, les gestes aussi. Le mouvement se fait moins fluide, c’est le glitch. À mesure que les anecdotes s’accumulent, les supposés compliments se révèlent de plus en plus objectifiants. « Game over ». Des comparaisons aux personnages de Disney apparemment innocentes aux remarques les plus dégradantes, Samir Laghouati-Rashwan continue d’énumérer ce qui se transforme en une litanie raciste, représentative d’une catégorisation érotisante annihilant toute forme d’individualisme. Trouvera-t-on læ complice d’un tel discours ? Le constat est sans appel : si aimer suppose de consentir à la fétichisation, l’artiste répond : « Ne m’aimez plus. »
Une performance écrite et pensée par Samir Laghouati-Rashwan
Danseur : Trésor
Commande et co-production : Triangle-Astérides et Parallèle
Crédit photographique : Samir Laghouati-Rashwan
Performance, curatée par Marie de Gaulejac et Camille Ramanana Rahary
Avec la complicité de Sonia Chiambretto.
Déconseillé aux moins de 12 ans : la performance aborde la sexualité et des sujets sensibles.
Samir Laghouati-Rashwan est diplômé des Beaux-Arts de Marseille - INSEAMM (2020). Il dirige actuellement l’espace Drift Space à Marseille et fait partie du programme d’accompagnement des Ateliers de la Ville de Marseille mené par Triangle-Astérides, centre d’art contemporain d’intérêt national.
Dans sa pratique, Samir Laghouati-Rashwan s’empare de petits objets d’apparence triviaux, quotidiens, contemporains et surtout apolitiques. Une bouteille de tonic ou un survêtement retroussé à la cheville. Des chariots de supermarché et des vitres de caravanes. Le travail qu’il développe autour de ces objets met cependant à mal leur prétendue banalité ; ils deviennent porteurs d’histoires coloniales et de complexes géopolitiques.
Depuis sa sortie d’école, son travail a été montré dans Hijack City à la galerie de la SCEP, Marseille, Sur pierres brûlantes à Triangle-Astérides, Marseille, Les chichas de la pensée aux Magasins Généraux, Pantin, Diaspora at Home à la fondation Kadist, Paris, au Show-Room Art-O-Rama, Marseille, Festival Around Vidéo, Lille, La Relève II - la compagnie - lieu de création à Marseille et Material Witness à Eliane project, Bordeaux.
Triangle-Astérides est un centre d’art contemporain d’intérêt national, établi depuis sa fondation en 1994 au sein de la coopérative culturelle Friche la Belle de Mai, une ancienne usine de tabac à Marseille.
Triangle-Astérides articule un programme exigeant d’expositions (monographies, duos et expositions collectives) à des résidences de recherche et d’expérimentation d’artistes des scènes françaises et internationales (au sein du programme principal et des programmes partenariaux), des mises à disposition d’ateliers avec accompagnement artistique et curatorial (atelier(s) programmé(s) en partenariat et Ateliers de la Ville de Marseille), à quoi s’ajoutent des événements, des projets éditoriaux et un travail attentif mené auprès de tous les publics.